09/01/2025

Numéro 3

Le Wi-Fi 7 est enfin prêt

Avantages, performances, tout ce qui change
Attention aux pièges !

Matériels, pilotes, systèmes d’exploitation, tout est prêt pour l’adoption du Wi-Fi 7. Outre des débits meilleurs qu’en 2,5 GbE, le nouveau réseau sans-fil promet une latence et une stabilité à toute épreuve grâce à la bande des 6 GHz et au MLO.

Par : Thomas Olivaux

Voilà déjà deux bonnes années qu’on entend parler de Wi-Fi 7. D’ailleurs la majorité des PC vendus depuis fin 2023 sont déjà compatibles ! Pourtant, alors que 2025 débute, presque personne n’a encore adopté ce Wi-Fi nouveau. Si la sortie de Windows 11 24H2 en octobre dernier, apportant le support officiel du nouveau standard, devrait accélérer les choses, pour beaucoup la migration se produira quand les FAI français se décideront à sortir des box Wi-Fi 7. En attendant il existe de multiples routeurs déjà compatibles avec cette norme. On a réuni un panel de six routeurs Asus et Netgear tous plus performants et chers les uns que les autres, en plus de nombreux clients (PC assemblés, PC portables, smartphones) à bases de puces Qualcomm, Intel et MediaTek, histoire de réaliser des tests en pagaille. On débute cet article par l’étude théorique du Wi-Fi 7, pour ensuite passer aux tests et à l’interprétation des résultats.

Les bases du 802.11be

Les pays en jaune n’ont pour le moment droit qu’à 500 MHz sur la bande des 6 GHz, contre 1200 MHz pour les pays en bleu.

Dernière évolution majeure de la norme 802.11, le Wi-Fi 7 a été finalisé il y a tout juste un an, l’annonce ayant été faite à la veille du CES 2024. 802.11be, qui succède à 802.11ax, est comme toujours compatible avec les versions précédentes de la norme. Un des gros points forts du Wi-Fi 7 est la confirmation de l’utilisation de la bande des 6 GHz qui a été utilisée pour la première fois avec le Wi-Fi 6E. C’est un atout car contrairement aux bandes historiques des 2,4 GHz (depuis 802.11b aka Wi-Fi 2) et des 5 GHz (depuis 802.11n aka Wi-Fi 4) elle est beaucoup moins encombrée. Ça veut dire que vous avez beaucoup moins de chance de souffrir d’interférences liées au voisinage ou d’autres appareils et qu’il sera ainsi bien plus facile d’obtenir un réseau sans-fil stable et offrant de gros débits. Pour les campagnards ça ne veut pas dire grand-chose, mais quand on habite un immeuble en plein centre-ville et qu’on capte plusieurs dizaines de SSID, ça peut tout changer. Jusqu’à ce que tout le monde soit passé en Wi-Fi 6E ou en Wi-Fi 7 et que les bénéfices s’estompent, mais ça prendra quelques années. Quoi que, l’autre intérêt de l’adoption de la bande des 6 GHz est la multiplication des canaux disponibles.

Toujours plus de canaux grâce aux 6 GHz

Pour bien fonctionner, un réseau sans fil ne doit pas subir d’interférences, que ce soit d’autres réseaux Wi-Fi ou en provenance d’autres appareils ; un four à micro-ondes ou un téléphone sans fil de maison génèrent aux aussi des ondes dans les 2,4 GHz par exemple. Pour permettre à de multiples réseaux Wi-Fi de coexister à proximité ou de ne pas subir des perturbations extérieures, la notion de canaux a été inventée dès les débuts de la norme 802.11. Le principe est de décaler légèrement les fréquences de quelques MHz pour éviter qu’ils ne se perturbent. En réalité, quand ont dit 2,4 GHz, ce n’est pas pile 2400 MHz mais, par exemple, 2422 MHz dans le cas du canal 3.

Et sachant que les canaux de base en Wi-Fi sont larges de 20 MHz, la fréquence associée à un canal correspond en fait à la fréquence centrale de celui-ci. Par exemple 5200 MHz pour le canal 40 en 5 GHz, la plage de fréquence réellement utilisée s’étend de 5190 à 5210 MHz. Au début des années 2000, à l’époque du 802.11b, 14 canaux ont été prévus (du moins 13 en Europe, seul le Japon a droit au canal 14), mais sachant qu’il n’y avait qu’une largeur globale d’environ 70 MHz, les canaux avaient encore des fréquences qui se chevauchaient. Ce qui nuisait à la stabilité et aux performances. En fait la bande de fréquences autorisée sur la plage des 2,4 GHz est si étroite que seuls trois canaux de 20 MHz sans chevauchement sont possibles ! Ce sont les canal 1 à 2412 MHz, canal 6 à 2437 MHz et canal 11 à 2462 MHz. Et quand on a commencé à vouloir exploiter des canaux de 40 MHz pour doubler les débits (on y reviendra), les choses se sont encore corsées. C’est là que le 5 GHz, introduit par le Wi-Fi N renommé depuis Wi-Fi 4 à la fin des années 2000, a bien amélioré les choses. En effet, avec pas loin de 500 MHz de largeur autorisés cette plage, au lieu de trois canaux de 20 MHz totalement libres on est passé à 22 ! Voilà qui a aussi permet d’utiliser plus facilement des canaux de 40 MHz et, plus tard, de 80 puis 160 MHz. Et en adoptant la bande des 6 GHz, on devrait gagner 1200 MHz de fréquences libres supplémentaires (de 5925 à 7125 MHz) ! Sauf que ces 1200 MHz sont réservés à d’autres parties du monde, en Europe seule la bande baptisée U-NII-5 (de 5 925 à 6 425 MHz) est autorisée pour le moment, soit 500 MHz. Ce sont quand même 24 nouveaux canaux de 20 MHz, qui s’ajoutent aux 22 du 5 GHz et aux 3 (13 dont 3 sans chevauchement) en 2,4 GHz. Mais il y a de quoi râler en comparant aux États-Unis dont la FCC donne aussi le droit aux bandes U-NII-6, 7 et 8, réservées chez nous à d’autres usages (la 5G, pour ne pas la nommer), ce qui se traduit là-bas par 59 canaux de 20 MHz supplémentaires !

4K QAM, des gains pour toutes les bandes de fréquence

Si l’adoption des 6 GHz promet un Wi-Fi globalement plus performant, ce n’est pas grâce à cette bande de fréquences l’adoption de ces fréquences que les débits maximums du Wi-Fi 7 explosent mais en raison d’autres progrès techniques accompagnants la nouvelle norme. La première innovation qu’on souhaite mettre en avant n’est pas évident à comprendre mais il profite au progrès des performances en tous cas de figure. Il s’agit de l’évolution du QAM, c’est-à-dire de la modulation du signal, qui passe de 1024 QAM en Wi-Fi 6 à 4096 QAM (d’où l’abréviation 4K QAM) en Wi-Fi 7. QAM c’est quoi ? Derrière cet acronyme de Quadrature Amplitude Modulation se cache une technique sophistiquée de modulation d’une onde pour en faire un signal. Sophistiquée car il n’est pas évident de comprendre que les données à encoder reposent sur la superposition de signaux orthogonaux découpés en de nombreux points (baptisés symboles) placés en plan complexe. En faisant varier la phase et l’amplitude des signaux on est capable de faire transiter des données. QAM n’a rien d’une nouveauté, c’était déjà utilisé par la télévision hertzienne reposant sur des signaux analogiques. On s’en sert un peu partout, avec ou sans fil d’ailleurs.  Vous avez la désagréable sensation de n’avoir rien pigé ? Rassurez-vous, ça n’est pas très clair pour nous non plus (!) et nul doute qu’un spécialiste du sujet trouverait à redire à notre explication.  Tâchons de simplifier un peu les choses. 4K QAM est un moyen d’augmenter la densité des données modulées sur le signal Wi-Fi. En passant de 2^10 (1024 QAM) à 2^12 (4096 QAM), la densité et donc les débits théoriques augmentent de 20 % ! Et l’avantage c’est que ce changement profite à toutes les bandes de fréquence, même l’illustre 2,4 GHz qui conserve l’avantage de porter plus loin que les bandes de 5 GHz et 6 GHz. 4K QAM est donc synonyme de performances en hausse en toutes circonstances. C’est grâce à cette évolution de la modulation qu’à tous autres paramètres identiques, on passe de 2,4 Gb/s à 2,9 Gb/s (2880 Mb/s précisément) du Wi-Fi 6 au Wi-Fi 7 !

L’histoire d’un camion sur la route

On profite d’être encore en début d’article pour mettre en place une analogie entre le Wi-Fi et le transport routier afin de faciliter la compréhension. Imaginons que vous êtes un fabricant de processeurs qui a besoin d’expédier ses marchandises avec une efficacité maximale. Avec 4K-QAM, l’emballage des CPU est moins encombrant qu’avant. Ça signifie que vous pouvez charger 20 % de processeurs en plus dans le même camion et donc en acheminer 20 % de plus dans le même laps de temps. On a par exemple pu le constater sur un de nos PC de test, toujours sous Windows 11 23H2 et installé à l’étage dans une chambre. De 1170 Mb/s sur SpeedTest en Wi-Fi 6 on tourne plutôt vers 1340 Mb/s en Wi-Fi 7 (même si d’autres facteurs peuvent entrer en compte, on en reparlera plus loin), soit 15 % de mieux environ.

320 MHz pour une bande passante doublée

320 MHz pour une bande passante doublée

On constate sur de très nombreuses fiches techniques de nouveaux PC que leur Wi-Fi 7 est capable de monter à 5,8 Gb/s. D’où ça vient ? D’une nouveauté du Wi-Fi 7, les canaux de 320 MHz ! Ou plutôt le canal de 320 MHz devrait-on dire, vu qu’en France la plage de fréquence en 6 GHz est trop réduite pour en avoir d’autres (jusqu’à 3 canaux de 320 MHz dans d’autres parties du monde). Pour reprendre notre analogie précédente, c’est comme si on avait cette fois un camion avec une remorque deux fois plus grande qu’avant ! On transporte donc, dans le même laps de temps, deux fois plus de processeurs (ou, dans le cas du Wi-Fi, de données) ! Ça laisse rêveur, même si on sait d’expérience qu’il ne faut pas confondre théorie et pratique. 5,8 Gb/s (5764 Mb/s) correspond à la vitesse du PHY, c’est-à-dire le débit brut du contrôleur réseau duquel on doit amputer les données nécessaires au contrôle et à la correction des données, incluant les pertes provoquées par l’OS lui-même. Historiquement on a toujours constaté des débits réels correspondant à un peu plus de 50 % de la valeur du PHY. Par exemple dans les 170 Mo/s en Wi-Fi 6, soit 1,36 G/s pour 2,4 Gb/s annoncés, soit 57 % de cette valeur théorique. Et ça se constate aussi en Wi-Fi 7 d’ailleurs car on arrive à copier des données vers 390 Mo/s soutenus, soit 3,12 Gb/s pour 5,8 Gb/s théoriques, ce qui correspond à 54 %. Mais si les 320 MHz sont aisément utilisables dans un environnement non perturbé et à courte portée, peu de monde risque d’en profiter véritablement. En effet, en revenant à notre exemple de camion, il est devenu si gros pour la route qu’il ne passe plus partout ! Ça ira toutefois mieux quand l’Europe aura tranché sur l’adoption des 700 MHz restants de la bande des 6 GHz pour s’aligner aux États-Unis ! On devrait en savoir plus sur ce sujet ces prochains mois, mais même si la réponse est favorable, il faudra encore quelques années pour que les modifications soient effectives.

Le ping progresse sensiblement

Parmi les détracteurs du Wi-Fi on trouve des personnes, et en particulier des joueurs, qui lui reprochent son temps de latence. Bien que ça n’empêche pas votre serviteur de jouer confortablement, il faut bien admettre que le ping en Wi-Fi est à la fois supérieur et moins stable qu’en Ethernet. Sur ce point aussi le Wi-Fi 7 progresse. À l’amélioration de la modulation 4K QAM dont on a parlé s’ajoutent quelques autres progrès techniques. Et notamment le 512 Compressed block-ack qui optimise les échanges en réduisant la quantité de données nécessaire au contrôle. On peut voir ça comme les jumbos frames en Ethernet, mais il s’agit dans le cas du Wi-Fi d’une agrégation de plusieurs frames. Ou plutôt jusqu’à 512 frames, car le principe de l’agrégation de ces dernières a été introduit, à plus petite échelle, par le Wi-Fi 5. Et avec une vérification de la bonne réception de celles-ci (block-ack). Dans la vraie vie ça donne quoi ? Netgear nous a annoncé des latences inférieures à 10 ms, soit peu ou prou au niveau de la fibre. Ça reste supérieur au réseau filaire et ses latences inférieures à 1 ms dans la plupart des cas, mais c’est vraiment très bon. On a par exemple comparé sur deux téléphones, un Galaxy S23 Ultra en Wi-Fi 6E et un Xiaomi 13T Pro en Wi-Fi 7, avec SpeedTest sur le même serveur et en passant via le même routeur, on passe d’environ 20 ms à environ 15 ms.

Rien de nouveau concernant la portée

Quand ce n’est pas l’encombrement des fréquences qui gêne, en ville, ce sont les murs. Surtout les murs épais, en béton ou en pierre. Autrement dit, la portée du réseau sans-fil. Et sur ce point, le Wi-Fi 7 ne change rien. Et pour cause, ce sont avant tout les fréquences qui influent sur la portée et les Wi-Fi 7 utilise les mêmes que le Wi-Fi 6E. Et même comparé aux Wi-Fi plus anciens, le 6 GHz permet de meilleurs débits mais réduit la portée. Pour rappel, une fréquence moins élevée (sinusoïde plus plate) se propage plus facilement. C’est pourquoi le Wi-Fi sur 2,4 GHz reste celui qui porte le plus loin, comme la téléphonie mobile en 700 MHz. C’est plus lent, mais ça porte mieux. Pour autant on peut quand même espérer de légers gains, notamment grâce à l’amélioration du design des nouveaux routeurs ; ça n’a pas de rapport direct avec le Wi-Fi 7, mais des antennes mieux placées font la différence. Et pour ceux qui captent, même légèrement, la petite augmentation des débits (les 20 % de mieux de 4K QAM notamment) sera toujours appréciée.

La révolution MLO

L’innovation qui est la plus intéressante du Wi-Fi 7, en tout cas sur le papier, c’est le MLO. Derrière ce sigle signifiant Multi-Link Operation se cache la possibilité nouvelle de pouvoir utiliser plusieurs bandes de fréquences simultanément. En effet, jusqu’alors, même en bénéficiant de matériels dual ou tri bandes, seule une seule était utilisée à un instant T. Avec MLO, le client peut se connecter au point d’accès sur plusieurs bandes à la fois, comme ça se fait depuis des années en téléphonie mobile. Ça change quoi ? Tout ! Tant sur le plan de la stabilité que sur celui des performances.

Bien que nous ne soyons pas parvenus à le reproduire, le MLO devrait permettre de cumuler la bande passante de chaque banque lien établi sur différentes radios.

La stabilité car s’il est préférable d’être en 6 GHz pour avoir un maximum de débit et une bande peu encombrée, en s’éloignant le Wi-Fi 7 continuera de fonctionner même s’il n’y a plus que la bande des 2,4 GHz qui passe. C’était déjà le cas avant me direz-vous, mais il y avait toujours un petit temps de déco/reco pour passer d’une bande à l’autre (jusqu’à 100 ms). Et pour les débits, MLO permettrait d’agréger les performances de plusieurs bandes ! On parle au conditionnel, car sur ce point précis, on n’a pas constaté la moindre agrégation durant nos tests, même avec MLO actif. Espérons que cette déception soit à mettre sur le compte de la relative jeunesse de cette technologie et qu’on pourra à l’avenir bénéficier de débits boostés grâce au MLO. À vrai dire, ceci s’explique très certainement du fait que plusieurs modes MLO coexistent, MLSR, eMLSR, STO et NSTR. De quoi parle-t-on ? De la façon d’utiliser les différents flux disponibles. Le MLO STR est par exemple le plus efficace pour diminuer la latence. Et c’est sans doute le plus implanté à l’heure actuelle ; dans ce mode les deux flux sont utilisés de façon asynchrone, l’un pour la réception de donnée et l’autre pour l’envoi de données. Pour cumuler les débits, il semble que ce soit le MLO NSTR ou eMLSR qui s’en sortent le mieux. Est-ce que tous les routeurs et tous les clients supportent ces différents modes ? Non. Et avec des limitations différentes concernant le nombre de flux simultanés (dans la théorie on peut avoir du triple flux 2,4 + 5 + 6 GHz, dans la pratique c’est généralement deux flux seulement, sans doute pour des raisons de complexité à faire fonctionner correctement. Les constructeurs, tant de clients que de routeurs, sont particulièrement discrets sur ce sujet et c’est dommage.

46 Gb/s sans fil, vraiment ?

À chaque nouvelle ratification d’une norme Wi-Fi on lit des débits maximums colossaux qu’on ne retrouve jamais en pratique, loin s’en faut. Et le Wi-Fi 7 n’y échappe pas. On lit chez certains constructeurs que le Wi-Fi 7 permettrait d’atteindre jusqu’à 46 Gb/s sans fil ! Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Il faut, comme toujours, distinguer la réalité des affabulations marketing. Et là on ne parle pas de l’écart de performances qu’il y a entre des débits réels et des débits PHY comme on l’a évoqué un peu plus tôt. Dans ce paragraphe on ne parlera que de débits théoriques (PHY, correspondant à la couche matérielle), mais là aussi il y a de quoi se perdre. Le maximum permis par le Wi-Fi 6 était 9,6 Gb/s, ce qui correspond à QAM 1K, 160 MHz, 8×8. En Wi-Fi 7, grâce au QAM 4K (x1,2) et aux canaux de 320 MHz (x2) on obtient 23 Gb/s. Si certains documents évoquent 36 Gb/s, c’est en tenant compte du MLO et d’une agrégation des performances 2,4, 5 et 6 GHz. Enfin, même si la Wi-Fi Alliance ne communique que sur un maximum de 8×8 flux MU-MIMO, les constructeurs ne manquent pas d’indiquer que le Wi-Fi 7 autorise d’aller jusqu’à 16×16 MU-MIMO et donc c’est pour ça qu’on lit ici ou là que le Wi-Fi 7 grimperait jusqu’à un maximum théorique de 46 Gb/s (2* 23 Gb/s). C’est bien beau tout ça, mais nous pauvres consommateurs, on aura droit à quoi ?

Plutôt 5,8 Gb/s sur nos PC

Comme en Wi-Fi 6, il semble que seuls des clients 2×2 ne soient amenés à voir le jour. C’est en tout le cas de tous ceux déjà existants. Du coup, avec 2 flux spatiaux, en prenant en compte le 4K QAM et les canaux de 320 MHz, on peut réalistement tabler sur du Wi-Fi à 5,8 Gb/s à l’échelle de nos PC et smartphones. On peut quand même espérer un peu plus à l’avenir si les modes MLO évoluent et que l’agrégation de performances des diverses bandes devient une réalité. Par exemple 720 Mb/s de 2,4 GHz + 5,8 Gb/s de 6 GHz = 6,5 Gb/s. C’est par exemple pour ça que la fiche technique de la carte mère Asus ROG Strix X870E-E Gaming Wi-Fi, que nous avons testée dans UH #1, indique sur le site d’Asus 6500 Mb/s. Ou carrément une agrégation 2,9 Gb/s en 5 GHz + 5,8 Gb/s sur 6 GHz pour un total de 8,7 Gb/s ! Mais au-delà des clients, il faut prendre en compte la bande passante globale d’un routeur. Les constructeurs n’hésitent pas à cumuler la bande passante de chacune des radios, même si aucun client seul ne pourra en bénéficier, histoire de donner un effet wow. On remarque par exemple au sujet du routeur le plus rapide de Netgear, le Nighthawk RS700S qui fait partie de nos modèles en test, que sa fiche technique communique sur 19 Gb/s. En analysant en détail, ça correspond en fait à un maximum de 1,4 Gb/s en 2,4 GHz (4×4, 4K QAM, 40 MHz), de 5,8 Gb/s en 5 GHz (4×4, 4K QAM, 160 MHz) et 11,5 Gb/s en 6 GHz (4×4, 4K QAM, 320 MHz), ce qui fait au cumulé 18,7 Gb/s. C’est certes tiré par les cheveux, mais tous les constructeurs procèdent ainsi depuis des années.

802.11, les principales évolutions

VersionWi-Fi 4Wi-Fi 5Wi-Fi 6 (6E)Wi-Fi 7
Norme802.11n802.11ac802.11ax802.11be
Bandes de fréquences2,4 et 5 GHz5 GHz2,4 et 5 GHz (et 6 GHz)2,4, 5 et 6 GHz
Largeur des canaux20 et 40 MHz20, 40, 80 et 160 MHz20, 40, 80 et 160 MHz20, 40, 80, 160 et 320 MHz
Modulation QAM la plus élevée64 QAM256 QAM1024 QAM4096 QAM
Nombre max de flux spatiaux simultanés44816
Vitesse maximum théorique600 Mb/s3,5 Gb/s9,6 Gb/s46 Gb/s (sans agrégation MLO)
Autres innovations notablesMIMOMU-MIMO (DL seulement), beamformingMU-MIMO (DL + UL), RU, OFDMAMLO, multi-RU, 512 block-ack, preamble puncturing

Windows 11 24H2 supporte enfin le Wi-Fi 7

Windows 11 24H2 est nécessaire pour exploiter les nouveautés du Wi-Fi 7 comme le MLO.

À chaque nouvelle technologie il faut du matériel, mais aussi du logiciel. Et ça se traduit principalement par des pilotes, sachant qu’une prise en charge du système d’exploitation est parfois nécessaire. Ou en tout cas souhaitable. Si Android supporte déjà le Wi-Fi 7 depuis sa version 13 sortie en 2023, ainsi que Linux avec un support initial du Wi-Fi 7 dans le kernel 6.2 et amélioré depuis (par exemple avec l’ajout du MLO pour les cartes Intel et Mediatek dans le kernel 6.11 de juillet dernier), il aura fallu attendre octobre 2024 pour que Microsoft prenne officiellement en charge cette norme. C’est en effet depuis Windows 11 24H2 que le Wi-Fi 7 est correctement supporté par l’OS principal des PC. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Après tout, on trouve bien des pilotes pour les cartes Wi-Fi 7 pour Windows 10 et les anciennes versions de Windows 11. Et ça fonctionne, on l’a testé. Sauf qu’en l’absence du support natif de l’OS, certaines nouveautés majeures ne sont pas prises en charge. Notamment le MLO. De plus on rencontre des bugs, comme des vitesses de connexion erronées sous Windows 11 23H2. Et les pilotes puisqu’on en parle, ils commencent enfin à arriver à maturité, mais ce n’était pas encore le cas il y a quelques mois, ce qui explique notamment qu’on ait choisi de retarder cet article. Par exemple, les pilotes Wi-Fi d’Intel avant la version 23.50 n’étaient pas capables d’exploiter le seul canal 320 MHz proposé en Europe. De même, avant le pilote 3.1.0.1262 sorti mi 2024, les puces Qualcomm NCM865 ne supportaient pas le MLO.

Certains matériels Wi-Fi 7 ne supportent pas les canaux de 320 MHz, comme ce chip Mediatek. Parfois c’est pire, la bande des 6 GHz est aux oubliettes !

Tous les Wi-Fi 7 ne se valent pas !

À gauche, la carte Wi-Fi 6 Intel AX200 et à droite, la carte Wi-Fi 7 Intel BE200.

Vous commencez à avoir une bonne vision d’ensemble du Wi-Fi 7 et de ses attraits, du moins théoriques. Mais avant de passer au test laissez-nous vous parler de la face cachée de cette nouvelle norme. Les principales innovations du Wi-Fi 7 ne sont pas « mandatory », c’est-à-dire rendues obligatoires ! C’est notamment le cas des canaux de 320 MHz qui sont parfaitement optionnels. Même la bande de fréquence des 6 GHz n’est pas impérative, alors qu’elle l’était en Wi-Fi 6E ! C’est n’importe quoi. Résultat des courses, les constructeurs ont tout pour piéger les consommateurs et il y a fort à parier qu’ils ne vont pas se gêner. On a déjà constaté l’existence de cartes mères avec une carte Wi-Fi 7 limitée aux canaux de 160 MHz chez Asus et Gigabyte, soit une bande passante théorique de 2,9 Gb/s au lieu de 5,8 Gb/s. Et encore, là au moins c’est quand même précisé quand on lit la fiche technique, même si ça n’empêche pas MSI de se moquer d’eux dans une communication évoquant du faux Wi-Fi 7. Et que dire de Free qui fait le fier en tant que premier FAI en France à proposer des box Wi-Fi 7 quand sa dernière Freebox Pop ne supporte ne supporte même pas la bande des 6 GHz (et donc, de ce fait, les canaux de 320 MHz) ? Citons aussi l’iPhone 16 qui lui propose bien du 6 GHz, mais avec des canaux limités à 160 MHz. Bref, comme toujours, soyez prudent lorsque vous achetez ! C’est d’ailleurs pour ça que vous lisez un magazine tel qu’Uber Hardware, n’est-ce pas ?

Déjà de nombreux clients Wi-Fi 7

Le Wi-Fi 7 a beau être nouveau, il y a de très nombreux matériels déjà compatibles sur le marché. Et notamment tout un tas de clients. Les principaux fournisseurs de chips Wi-Fi 7 sont Qualcomm, Mediatek et Intel. Difficile de dire qui de Qualcomm ou Mediatek a dégainé le premier, les deux ayant sorti leurs premiers produits tout début 2023. On pense notamment à la puce Qualcomm QCNCM, plus connue sous le nom FastConnect 7800, sortie fin février 2023. On la trouve d’ailleurs dans le smartphone Galaxy S23 Ultra sorti au même moment, bien que Samsung n’ait jamais activé le support du Wi-Fi 7 pour cet appareil hélas, limité au 6E ; son successeur le S24 Ultra, lui aussi équipé de la puce FastConnect 7800, est bel et bien un smartphone Wi-Fi 7. Quant à Mediatek, qui a lui aussi dégainé très tôt sa puce FIlogic 380 (aussi connue sous le nom MT7925, MT7927 et AMD RZ717 et RZ738), on trouve aussi depuis fin 2023 une puce secondaire bien moins attirante, la Filogic 360 qui ne prend pas en charge les canaux de 320 MHz. Intel a attendu septembre 2023 pour sortir ses deux premiers contrôleurs Wi-Fi 7, les BE200 et BE202, la seconde étant là aussi une puce Wi-Fi 7 castrée et limitée aux canaux de 160 MHz et au 1024 QAM (soit 2,4 Gb/s comme le Wi-Fi 6).

Depuis d’autres chips ont vu le jour, notamment chez Broadcom ou Realtek, nous en avons déjà croisé sur certaines cartes mères. Quand elles ne sont pas intégrées à des SoC plus complexes dans des smartphones ou soudées dans des laptops, ces puces sont proposées sous la forme de carte M.2, généralement aux formats 2230 et parfois 1630 (plus étroites). De très nombreux PC portables et cartes mères sortis depuis un peu plus d’un an en embarquent et sont d’ores et déjà compatibles avec le WiFi 7. Pour parler d’argent et d’upgrade, sachez qu’une carte M.2 2230 Intel BE200 coûte entre 22 et 25 € sur AliExpress et entre 30 et 50 € sur Amazon ou d’autres sites français. C’est étonnamment la seule qu’on peut se procurer très facilement à ce format. On trouve aussi des cartes filles PCI-Express pour ajouter dans un PC de bureau, il s’agit en fait de simples adaptateurs embarquant en fait une carte M.2. C’est vrai autant pour les premiers prix qu’on trouve sur les marketplaces chinoises que les cartes de marques plus célèbres à l’image de la MSI Herald-BE, qui exploite la puce Qualcom NCM865, et de la Gigabyte GC-WIFI7 ; cette dernière est déclinée en trois versions, bien qu’il soit difficile de savoir à l’avance laquelle on obtiendra, le PCB 1.0 étant à base de Qualcomm, le PCB 1.1 de Mediatek et le PCB 1.2 d’Intel. Nous avons aussi constaté l’existence d’une carte Asus PCE-BE6500 et d’une TP-Link Archer TBE400E sans parvenir à confirmer la puce qu’elles utilisent ; la TP-Link est limitée aux canaux de 160 MHz, ce qui n’empêche pas le constructeur de communiquer sur une vitesse globale de 6500 (cumul MLO des 0,72 + 2,9 + 2,9 Gb/s sur les trois bandes). Si vous voulez une carte M.2 Qualcomm pour mettre à niveau votre laptop (lire notre encadré à ce sujet), il suffit d’acheter la carte PCIe de MSI ou la bonne version de la Gigabyte pour en cannibaliser la petite carte M.2. Du côté des clés USB, c’est encore assez jeune même si on trouve déjà quelques références comme le TP-Link Archer TBE550E, les Asus USB-BE92 Nano et ROG USB-BE92 ou quelques produits chinois telle la clé Comfast BE6500 et nous n’avons pas eu l’occasion de tester ces dernières qui ne sont pas encore commercialisées en France.

Free est le seul FAI à proposer des box Wi-Fi 7.

Un routeur en attendant une box

Pour exploiter le moindre client Wi-Fi 7 il faut bien sûr posséder un routeur ou un point d’accès compatible avec la nouvelle norme. En France on jure avant tout par les box ultra complètes de nos FAI. Sauf qu’en Wi-Fi 7, pour le moment, c’est encore pauvre. Seul Free est présent sur ce segment avec sa Freebox Ultra et sa Freebox Pop. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur l’Ultra, on a déjà évoqué un peu plus tôt les limitations de la Freebox Pop Wi-Fi 7 (réservée aux clients fibre, les autres recevant toujours l’ancienne Freebox Pop) qui ne prend pas en charge la bande des 6 GHz et tous les avantages qui vont avec. En attendant les futures Livebox, Bbox et autres box Wi-Fi 7, ou pour avoir une interface plus riche et des performances supérieures, vous pouvez opter pour l’un des nombreux routeurs Wi-Fi 7 déjà en vente. On trouve de multiples références chez Netgear, Asus, TP-Link et Xiaomi notamment, avec des tarifs qui font le grand écart entre 45 € pour un Xiaomi BE3600 et 1000 € pour l’Orbi 970. Et encore, on ne parle pas des kits Wi-Fi Mesh avec entre un et trois satellites en plus du routeur, pour étendre la portée, et dont les prix peuvent attendre de tristes records. Il faut débourser pas loin de 2500 €, hors promo, pour un triple Orbi 970 ou un TP-Link Deco BE85 à quatre modules ! C’est du délire. Nous n’allons pas entrer aujourd’hui dans le détail au sujet des routeurs, qui sont des produits très complexes et qui offrent bien plus que la simple fonction point d’accès, cet article étant là pour faire le point et tester la technologie Wi-Fi 7. Mais si le sujet vous intéresse, on vous concoctera un guide d’achat des routeurs Wi-Fi 7 dans un prochain numéro, accompagné de quelques essais dès les prochains mois des références utilisées pour les tests de cet article. Pour plus d’informations au sujet des matériels Wi-Fi 7 disponibles, vous pouvez consulter le Wiki https://wikidevi.wi-cat.ru/List_of_802.11be_Hardware, même s’il faut garder à l’esprit que tous ne sont pas trouvables en France ou en Europe.

Les cartes Wi-Fi 7 d’Intel ne fonctionnent pas sur les PC AMD !

La guerre entre Intel et AMD est presque aussi vieille que le PC lui-même et les deux constructeurs ne se gênent pas pour se mettre des bâtons dans les roues. Enfin sur Intel vis-à-vis d’AMD, il faut être honnête. Alors qu’on pouvait avoir l’impression que les choses s’étaient détendues ces dernières années, avec par exemple la possibilité d’avoir dû Thunderbolt sur un PC AMD, la dernière mesquinerie du géant de Santa Clara interdit l’usage de ses cartes Wi-Fi sur les PC à base de processeurs AMD. Pourtant ça fonctionnait, avant. Les cartes Intel AXxxx sont compatibles AMD, mais plus les cartes BExxx qui nous intéressent pour le Wi-Fi 7. Sic. Bon, en vrai, il semblerait que ce ne soit pas un souhait d’Intel de nuire à AMD mais simplement la plateforme des rouges qui ne répond pas à toutes les exigences d’Intel pour le moment, mais il semblerait que ça puisse évoluer au fil des mises à jour. On a lu quelques témoignages sur Internet de personnes ayant réussi à faire fonctionner une carte BE200 sur AMD AM5 avec le pilote 23.90, mais nous n’avons pas eu le temps d’essayer. En effet nos plateformes de test Wi-Fi 7 sont à base de CPU Intel et Qualcomm, sauf un laptop en AMD mais sa carte Wi-Fi Mediatek étant soudée il n’était pas possible de la remplacer (Asus Zenbook S16 UM5606).

Quels matériels pour les mesures ?

Dans l’interface Netgear Orbi, datée au possible, on aperçoit le fonctionnement en MLO (5 GHz + 6 GHz).
La plupart de nos mesures de performances ont été réalisées sur le routeur Orbi 970, relié au reste du réseau en 10 Gb/s.

La théorie c’est très intéressant, mais à la fin c’est la pratique qui compte. On a donc passé des jours et des jours à multiplier les tests au sein de la rédaction pour vous donner un maximum de factuel. Outre la longue attente pour que Windows et les pilotes soient suffisamment matures, il nous a fallu réunir de nombreux matériels Wi-Fi 7. Du côté des routeurs, Netgear et Asus ont joué le jeu en nous envoyant de nombreux produits. En l’occurrence on a eu droit chez Netgear à leur meilleur produit ultra grand public, l’Orbi 970 (kit de deux à 1700 €, en promo à 1300 € jusqu’au 18 janvier) ainsi que plusieurs Nighthawks. Le RS700S trouvable entre 700 et 900 euros, le plus performant bien qu’il soit déjà sorti il y a plus d’un an, ainsi que les Nighthawk RS600 et RS300 vendus respectivement 550 et 350 € (promos à 500 et 300 € jusqu’au 18 janvier), accompagnés de leurs supports muraux optionnels. Chez Asus on a reçu le très impressionnant ROG Rapture GT-BE19000 à 750 € accompagné du plus raisonnable RT-BE92U à 300/350 €. Ce sont des produits globalement vendus très cher mais nous avons souhaité tester le Wi-Fi 7 avec les meilleurs matériels afin de s’assurer des capacités de la norme. Il sera toujours temps d’essayer des routeurs plus modestes à l’avenir.

Bien que nous ne soyons pas parvenus à le reproduire, le MLO devrait permettre de cumuler la bande passante de chaque banque lien établi sur différentes radios.

Du côté des clients, on a utilisé deux PC fixes l’un sous Windows 11 24H2 avec une carte mère Asus ROG Maximus Z890 Hero équipée d’une carte Wi-FI Intel B200 et l’autre sous Windows 11 23H2 avec une plus ancienne Asus ROG Maximus Z690 Extreme et sa carte Wi-Fi Intel AX211 (Wi-Fi 6E). Nous avons également une carte fille PCI-Express Gigabyte GC-WIFI7 avec sa puce Qualcomm NCM865 et une petite carte fille M.2 2230 Intel BE200 supplémentaire. On a aussi utilisé plusieurs PC portables testés récemment à la rédaction, notamment un Asus Zenbook S 16 avec un contrôleur Mediatek MT7925, un Dell Inspiron Plus en CPU Qualcomm et avec, logiquement, un Wi-Fi de la même marque. Nous avons aussi ressorti des tiroirs des cartes mini PCIe Intel 7260 et 9560 afin de tester aussi les débits du Wi-Fi 5 (de première génération et Wave 2 avec les premiers canaux larges de 160 MHz). Et du côté des smartphones, nous avons réussi à mettre la main sur un Xiaomi Mi 13T Pro embarquant un contrôleur Wi-Fi 7 Mediatek. La connexion à Internet de la rédaction étant rapide mais néanmoins insuffisante pour maximiser les débits du Wi-Fi 7, il s’agit d’une fibre à 2 Gb/s, et pour être totalement maîtres de nos résultats sans risquer d’être limité par un serveur distant, on a aussi utilisé notre bon vieux NAS assemblé qui tourne sous Unraid et est équipé d’une carte réseau à 10 GbE. Sans oublier que nos deux machines de tests assemblées sont respectivement équipées de contrôleurs 10 GbE et 5 GbE. À l’exception du PC assemblé sous Windows 11 23H2 et du serveur sous Unraid 63.12.13, tous les PC tournent sous Windows 11 24H2. Et le smartphone Xiaomi sous Android 14. Bien qu’on ne soit pas en mesure de tester le Wi-Fi avec des dizaines de clients exploitant simultanément la bande passante, comme ça serait le cas en entreprise, on a quand même fait des tests avec pas loin de 20 clients Wi-Fi (de toutes générations) dont plusieurs Wi-Fi 7 effectuant des copies en simultané afin de simuler un environnement familial.

L’environnement de test

La rédaction est implantée dans une maison avec des dépendances. La connexion Internet par la fibre arrive dans la maison principale d’environ 75 m² sur deux niveaux. Elle est reliée, par l’intermédiaire d’un routeur, à un switch équipé de ports 10 GbE. Dans une dépendance de 24 m² où sont situés nos bureaux principaux, un autre switch 10 Gb/s assure un lien vers la maison. Et relié à ce switch, dans le bureau, on trouve enfin un autre point d’accès de test. Notons qu’on ne capte pas le Wi-Fi de la maison depuis le bureau et vice versa. La rédaction étant installée à la campagne et répartie dans plusieurs bâtiments, il y a certains tests intéressants qu’on peut faire et d’autres pas. En l’occurrence, On a des facilités à tester la portée sur de multiples distances et au travers de la pierre, matériau encore plus difficile à passer que le béton ; ça explique d’ailleurs pourquoi on ne capte pas le Wi-Fi de la maison depuis le bureau, bien que les deux bâtiments soient l’un contre l’autre.

Ce laptop Asus Zenbook S 16, comme beaucoup d’autres, a une carte Wi-Fi soudée qu’il n’est pas possible de remplacer.

En revanche le faible encombrement sans fil du voisinage, qui est une bénédiction pour obtenir les meilleurs résultats, ne permet pas de tester en condition réelle ce que des millions de français urbain vivent au quotidien. Du point de vue des logiciels utilisés pour les tests, après avoir joué un peu avec OpenSpeedTest, on a décidé de rester fidèle au bon vieux iPerf pour estimer les débits bruts et à la copie de fichiers sous Windows pour représenter l’usage du quotidien. Précisons qu’on utilise iPerf3 et que les résultats semblent tout à fait cohérents, bien que cette version ne soient pas multithreads contrairement à iPerf2 et qu’on puisse lire sur Internet que c’est un problème. On a aussi, par curiosité, utilisé le célèbre SpeedTest d’Ookla, tant sur nos PC que sur smartphone.

Alors, en vrai, ça donne quoi ?

Les débits sont assez stables.

Plutôt que de vous noyer sous des tonnes de graphiques pas forcément faciles à lire, on préfère vous synthétiser nos longues journées de test. À commencer par ce qui excite les geeks qui en veulent toujours plus, les débits maximums à courte portée (moins de 5 mètres). On a réussi à se connecter en 5,8 Gb/s (précisément 5764 Mb/s) avec les trois contrôleurs, c’est-à-dire ceux d’Intel, de Qualcomm et de Mediatek, tant sur le routeur Orbi 970 que sur l’Asus ROG Rapture GT-BE19000. À la fois en réception et en émission. Pour autant, les résultats obtenus ne sont pas identiques ! C’est avec la carte Intel BE200 qu’on a obtenu les performances à la fois les plus élevées et les plus consistantes. En l’occurrence, on affiche 3,74 Gb/s (467 Mo/s) dans iPerf3 et on copie des fichiers via l’explorateur de Windows a 3,15 Gb/s (394 Mo/s) de moyenne. C’est plus du double des 170 à 180 Mo/s auxquels nous sommes habitués en Wi-Fi 6, sacré score ! Avec la carte Qualcomm en revanche iPerf se contente de 3,15 Gb/s (394 Mo/s) et on ne peut même pas vous dire avec la Mediatek car à part durant notre essai initial il n’a plus été possible d’accrocher les 5767 Mb/s de lien avec les deux routeurs. À propos de 5767 Mb/s, bien que MLO fût activé (par défaut sur le Netgear Orbi, après activation manuelle sur l’Asus Rapture GT-BE19000) et que la présence des deux bandes de fréquences 5 + 6 GHz fût confirmée par Windows dans les propriétés de connexion, on n’est jamais parvenu à obtenir 8647 Mb/s. C’est dommage. 394 Mo/s en copie de gros fichiers, c’est franchement impressionnant pour du sans-fil. C’est sensiblement plus que les 275 Mo/s qu’on atteint en Ethernet 2,5 Gb/s ! Et au sujet du ping, en local, on relève 2 ms alors qu’on a 4 et 5 ms en Wi-Fi 6 sur notre Livebox 7. C’est très bon dans les deux cas, mais ça reste loin de l’Ethernet qui tourne en dessous de la milliseconde. Cet écart de quelques millisecondes entre Wi-Fi 6 et 7 on le retrouve dans Speedtest qui affiche autour de 15 ms en Wi-Fi 7 et 20 ms en Wi-Fi 6. On a aussi essayé sous GeForce Now, la plateforme de streaming de jeu où le ping a un réel impact et on obtient 2 ms de mieux en Wi-Fi 7 qu’en Wi-Fi 6 (14 ms au lieu de 16 ms), mais c’est toujours plus qu’en Ethernet (11 ms). Au-delà des 2 ms de gagné, signalons surtout que le WiFi 7 offre une latence plus stable, il y a beaucoup moins de pics de latence qu’auparavant et ça c’est bien pour les joueurs. En interdisant les canaux de 320 MHz, qui ont peu de chance d’être utilisables dans un environnement urbain congestionné, on relève quand même 197 Mo/s (c’est pile la moitié, ce qui est surprenant même si c’est aussi logique). C’est donc un peu mieux là aussi qu’en Wi-Fi 6 ou on relève dans les mêmes conditions 173 Mo/s. Quand on s’éloigne, le comportement est similaire à celui du Wi-Fi 6. La portée n’est pas améliorée, nos murs de pierre ne sont toujours pas franchis d’ailleurs. En revanche on constate toujours les gains liés à l’adoption de nouvelles technologies Wi-Fi 7 comme le 4K QAM. Par exemple un SpeedTest, sur notre connexion fibre de 2 Gbs on passe de 1170 Mb/s à 1340 Mb/s. Un gain qui se retrouve aussi sur nos divers essais sur smartphone, que ce soit à courte portée (moins de 5 m) ou à une distance plus grande. On s’est aperçu, un peu trop tard hélas, que nous n’avions pas réalisé la moindre mesure de consommation. La Wi-Fi Alliance indique que cette dernière est en baisse, même si on est en droit de se demander si c’est vrai avec le MLO actif.

Le Wi-Fi restera toujours un mystère

Le Wi-Fi, c’est comme l’USB, mais en pire. Ce sont deux technologies dont on ne saurait se passer, qui sont géniales sur le papier, mais avec lesquelles on rencontre tous notre lot de problèmes. Et en l’occurrence on n’a jamais compris pourquoi, au moment de réaliser nos tests de performances, subitement nos PC portables, l’un avec carte Wi-Fi Qualcomm et l’autre une carte Wi-Fi Mediatek, ont subitement décidé de ne pas se connecter à plus de 1440 Mb/s au routeur. Et c’est bien ce qui est pénible, cette incertitude. On ne compte même plus le nombre de témoignages recueillis sur Internet avec des incohérences de performances liés au Wi-Fi et le Wi-Fi 7 ne semble pas meilleur que ses aînés sur ce point. De plus, on regrette le manque de clarté pour tâcher de comprendre les problèmes. Il serait tellement pratique, pour nous autres passionnés, que le système d’exploitation ou que le routeur indique clairement les paramètres de connexion (nombre de flux spatiaux, largeur de canal, etc). Sous Windows on ne sait rien de tout ça, seulement la bande de fréquence (ou les bandes avec MLO) utilisée. Et en utilisant des applications comme Wi-Fi Analyzer on peut connaître le canal utilisé, sur chaque bande de fréquence, mais ça ne va pas plus loin ! Impossible de savoir quelle modulation est active, quel mode de MLO est utilisé, etc.

Upgrader une carte mère ou un laptop en Wi-Fi 7

Le saviez-vous ? Toutes les cartes mères qui offrent du Wi-Fi utilisent en fait une petite carte M.2 2230 même si cette dernière est dissimulée sous un carter quelconque. Il est donc permis de la remplacer pour une plus moderne si vous désirez upgrader au Wi-Fi 7 ! Précisons que certaines cartes mères ont un port M.2 pour la carte Wi-Fi avec des clés A + E, c’est-à-dire deux petits ergots servant de détrompeur afin de ne pas insérer un périphérique M.2 incompatible. Les cartes Wi-Fi 7 comme l’Intel BE200 étant exclusivement doté d’une encoche E, elle ne pourra pas s’installer sur un port A + E. Sur nos photos, nous avons mis à jour la carte Wi-Fi d’une Asus ROG Strix B760-F Gaming Wi-Fi, logée dans un petit support en métal lui-même caché sous le plastique autour des prises I/O. Il en va de même pour de nombreux portables, sauf que de plus en plus d’appareils (notamment les plus fins) ont abandonné la carte M.2 amovible pour un contrôleur Wi-Fi soudé. Vous devez donc au préalable trouver cette information sur Internet, par exemple en tapant sur Google le nom de votre laptop suivi de disassambly pour trouver un tutoriel de démontage. Autrefois certains constructeurs avaient aussi une notion de whitelist, c’est-à-dire que seules certaines cartes Wi-Fi étaient acceptées par leur BIOS, mais nous ne sommes plus tombés sur ce genre de pratique depuis quelques années.

Cette photo ne permet pas de se rendre compte à quel point le ROG Rapture GT-BE19000 est énorme !

On y passera tous… mais quand ?

Alors le Wi-Fi 7, on en pense quoi au final ? Comme toujours avec ce genre d’innovation technologique il y a deux façons de voir les choses. Pour le passionné qui en veut toujours plus, c’est encore un sacré progrès. Les débits augmentent beaucoup, la latence diminue, la gestion de multiples clients progresse et, surtout, la bande des 6 GHz est beaucoup moins encombrée. Mais d’un point plus pragmatique c’est moins évident. Quand on est encore en Wi-Fi 5, passer au Wi-Fi 7 est intéressant, même en se satisfaisant du mode à 2,9 Gb/s déjà capable d’atteindre des débits flirtant avec les 200 Mo/s. Et encore, il faut avoir une connexion Internet à minimum 1 Gb/s ou faire d’importantes copies en réseau pour y gagner quelque chose. Sinon, les 80 Mo/s (environ) du Wi-Fi 5 suffisent déjà à surfer confortablement, profiter du streaming peu importe la définition et même saturer une connexion fibre à 500 Mb/s en téléchargeant un jeu. Et quand on vient du Wi-Fi 6, l’intérêt est encore moindre quand on n’est pas un power user. Certes les progrès de latence sont intéressants pour les joueurs, mais les personnes en quête du ping le plus bas auront du mal à abandonner leur bon vieux câble tandis que le commun des joueurs qui ne sont pas tous en mode compétition se satisfait déjà bien, comme votre serviteur, du Wi-Fi 6. Il reste quand même l’intérêt de passer sur 6 GHz, quand on n’était pas déjà en Wi-Fi 6E, surtout quand on est en ville et qu’on croule sous les réseaux voisins qui provoquent instabilités et autres débits réduits. En résumé, le Wi-Fi 7 est un vrai progrès, on a hâte qu’il s’impose un peu partout, mais il n’y a finalement pas tant de gens qui auront un intérêt à dépenser de l’argent dedans. Les casques VR sans fil profiteront probablement des innovations du Wi-Fi 7.

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